L’histoire de Dieppe est intimement liée à la mer depuis ses origines.
Abritée par de hautes falaises, Dieppe s’étire sur les deux rives de l’Arques qui a creusé son lit dans le plateau crayeux du pays de Caux. Durant plusieurs siècles, Dieppe fut un important port de pêche et de commerce, lieu de départ vers les terres lointaines. Territoire des « Calètes », tribu gauloise, port aux multiples activités, station balnéaire la plus ancienne et la plus proche de Paris… L’histoire de Dieppe est intimement liée à la mer depuis ses origines.
Jusqu’au milieu du XIe siècle, le confluent de trois rivières (l’Eaulne, la Béthune et la Varenne), formaient un estuaire profond entouré de coteaux aux versants raides. Ce bassin naturel représentait un mouillage sûr pour les pêcheurs locaux et les marins de passage. Des pêcheries se développent dans ce bassin, et des salines installées à proximité seront longtemps exploitées.
Les Normands, attirés par cet emplacement naturel y créent un port, qui va devenir le plus important de la Normandie, et en même temps un nœud de communication avec l’Angleterre à partir de 1066 avec Guillaume le Conquérant, et ce jusqu’en 1204. L’emplacement se réduit alors à une bande de galets, barrant l’ouverture de la vallée, baignée d’une part par la mer, et de l’autre par les marécages. C’est sur ce poulier que les chefs normands vont fonder la première agglomération Dieppoise.
La pêche au hareng donne dès le Moyen Age une grande prospérité à toute la côte. Vers l’an 1300, Dieppe approvisionne Paris en poisson frais par un service régulier de voitures qui sera ensuite connu sous le nom de « chasse-marée ».
Les marins dieppois découvreurs de terres lointaines
Les marins dieppois sillonnent les mers du globe. Au XIVe siècle, des marins d’exception parviennent jusqu’à la côte africaine du Cap Vert. En 1402, Jean de Béthencourt fonde le royaume des Canaries. Jean Cousin entreprend un périple au départ de Dieppe en 1488, en direction de l’Afrique de l’Ouest et des Açores. En 1562, Jean Ribault explore la Floride. Gabriel de Clieu introduit la culture du caféier aux Antilles.Le plus célèbre de tous est Jehan Ango. Né à Dieppe en 1480, fils d’armateur, il finance et commandite en 1523, deux Florentins Jérôme et Jean Verrazano qui à bord de leur navire « La dauphine » découvrent la côte Est de l’Amérique et fondent un bourg « Angoulême » qui deviendra le site de New-York
À la fin du Moyen-Âge, se font face autour du port les deux faubourgs : “Le Pollet de Dieppe” qui correspond aujourd’hui au Bout du quai, et “Le Pollet oultre l’eau” qui est l’actuel quartier du Pollet. Un passeur assurait à cette époque le lien entre les deux rives du “Hable”. Le pont de pierre sera construit en 1511.
Au XVIe siècle, l’activité maritime est en pleine expansion et à la pêche, vient s’ajouter une activité commerciale florissante. Cependant, le port de Dieppe ne dispose pas d’un espace très important pour abriter les nombreuses nefs : un seul bassin, barré en amont vers la rivière, par le pont de pierre. Ce bassin n’est pas un bassin à flot. L’envasement et l’accumulation des galets empêchent tout mouvement des navires à marée basse.
Sous François 1er et ses successeurs, d’importants travaux sont lancés, la ville connaît son âge d’or, portée par son activité portuaire. Elle devient notamment le siège d’une école de cartographie réputée. Dieppe devient l’un des premiers ports d’embarquement pour le Canada, mais aussi le point de départ d’expéditions pour la Guyane, la Réunion et les Antilles. Les marins dieppois sont nombreux à conquérir ces îles, à l’instar de Pierre Belain d’Esnambuc au XVIIe siècle.
En 1672, à la suite d’une violente tempête qui encombre le port de galets, Colbert vient à Dieppe pour y étudier un programme de rénovation du port. La forte activité et la réputation des corsaires dieppois vaudront cependant à Dieppe d’être bombardée, en représailles, par une flotte anglo-hollandaise en 1694. La ville est détruite, sa flotte et son port sont ruinés. Sur l’ordre de Louis XIV, l‘ingénieur de Ventabren entreprend sa reconstruction. Vauban élabore un projet d’amélioration et d’agrandissement, projet qui sera repris par Trudaine en 1776.
Au XVIIIe siècle, la presqu’île du Pollet est divisée une première fois, avec la création du Canal de chasse qui servait au désensablement du port de Dieppe. Un bassin de retenue et des écluses sont creusés en 1778.
Les aménagements réalisés au XIXème siècle
Le début du XIXème siècle voit la création de nouveaux bassins. Entre 1800 et 1880 vont être conçus trois bassins à flots dans le port de Dieppe. Depuis, ils ne cessent de modeler le paysage portuaire dieppois, et chacun d’entre eux a une fonction particulière, propre aux activités du port de Dieppe.
• Le bassin Bérigny. Creusé en 1806, les travaux durent jusqu’en 1839. Il fait l’objet d’un agrandissement en 1866 et sera comblé avant la seconde guerre mondiale.
• Le bassin Duquesne. Conçu entre 1839 et 1848 pour faire face à la croissance du trafic et à la difficulté d’accès au bassin Bérigny. Les Dieppois sous la Restauration armaient pour Terre-Neuve et pour l’Islande.
• Le bassin de la Retenue. Le nombre de bateaux augmentant toujours, ce bassin est construit entre 1866 et 1870. Il sera supprimé dans le cadre des travaux initiés par Charles de Freycinet, ministre des Travaux publics.
Le port gardera cet aspect jusque dans les années 1880, où la deuxième révolution industrielle impose des transformations portuaires afin d’accueillir des navires de fort tonnage.
En 1843, la liaison ferroviaire entre Rouen et Paris suivie quelques années plus tard par celle entre Rouen et Dieppe constitue un nouvel atout. Dès 1793, un voilier nommé “Les Frères Royaux” assure un transport de passagers entre Dieppe et Newhaven. Le transport de passagers est régulier et à horaires fixes depuis 1889.
Le plan Freycinet
En 1880, le plan Freycinet dote la ville d’un nouvel établissement maritime, point de départ des installations modernes qui vont suivre. Le port s’étend désormais sur l’ancien bassin de la retenue qui longe la vallée de l’Arques. Une partie du Pollet fut sacrifiée : rues coupées, maisons rasées et population expropriée. L’ouverture d’une passe entre l’avant port et l’arrière port crée une brèche de 40 m de large.
Le plan Freycinet, réalisé entre 1880 et 1914, comprend de nombreux aménagements :
• L’arrière-port est relié à l’avant-port par le chenal du Pollet
• Le Grand pont tournant, futur pont Colbert, est construit en 1887
• Un bassin de mi-marée est créé, ainsi qu’un nouveau bassin à flot
• Les chantiers de construction navale voient le jour
• Une forme de radoub est conçue pour la réparation des bateaux
• Un quai à marée pour la pêche est installé à l’intérieur du port
• Le pont Ango, construit en 1881 et initialement tournant, fut reconstruit en 1950 en pont levant.
Les grands travaux de 1880 sont l’occasion de doter la ville de ponts. 7 ponts sont mis en place par les ingénieurs des ponts et chaussée dont 3 ferroviaires pour franchir les différents bassins. Le pont Colbert, tournant à une volée, est le plus ancien des ponts dieppois encore en place.
Dieppe, 1er port bananier de France
Port charbonnier et pétrolier jusqu’à la fin de la première guerre mondiale, Dieppe devient le premier port de France pour les importations de bananes venues des Iles Canaries et des agrumes du Maroc.
L’activité en pleine expansion génère en cette première moitié du XXème siècle de nouveaux équipements. La seconde guerre mondiale causera des dégâts importants.
Les années 50 verront sous l’égide de l’Etat et de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Dieppe l’édification de nouveaux bâtiments et l’évolution des ouvrages portuaires afin de prendre en compte la taille des navires.
Un nouveau terminal Transmanche
Les aménagements dans l’avant port pour les ferries et l’exploitation des graves de mer ainsi que le prolongement de la jetée ouest seront réalisés à la fin du XXème siècle. Le nouveau terminal Transmanche est en service dans l’avant port depuis 1994. Les ferries accostaient auparavant le long du quai Henri IV. Le port de plaisance occupe depuis cette date le bassin Ango.
1er janvier 2007 : transfert du Port de Dieppe à la Région Haute-Normandie
Dans le cadre de la décentralisation des ports non autonomes appartenant à l’État, le Port “d’intérêt national” de Dieppe a été transféré à la Région Haute-Normandie le 1er janvier 2007. La Région a repris en gestion directe les quatre activités portuaires (Transmanche, commerce, pêche et plaisance) avec la création d’un syndicat mixte associant 4 collectivités : Région Haute-Normandie, Département de Seine-Maritime, Agglomération Dieppe-Maritime et Ville de Dieppe. Les quatre collectivités participent au fonctionnement et à l’investissement de façon proportionnelle à leur engagement initial : Région Haute-Normandie 73%, Département de Seine-Maritime 15%, Communauté d’Agglomération Dieppe Maritime 8%, Ville de Dieppe 4%.
Le Port de Dieppe est un établissement public administratif qui assume des missions de service public et des fonctions commerciales avec des activités portuaires et 7 rythmes de travail différents.
L’investissement public, levier du redressement portuaire initié par la Région Haute-Normandie
Depuis sa création, le Syndicat Mixte du Port de Dieppe fait de l’investissement public le levier du redressement portuaire. 54 millions d’euros d’investissements ont été réalisés depuis 2007 pour rénover l’outillage et les infrastructures portuaires. 35% des crédits du Programme Pluriannuel d’Investissement (PPI) 2007-2014 ont été affectés au Commerce-Transmanche, 28,9% pour les infrastructures générales, 19,8% pour la pêche et 16,2% pour la plaisance.
Le SMPD s’est montré très dynamique dans l’aménagement urbain et immobilier des espaces de travail et d’accueil sur le port : réhabilitation d’une ancienne gare maritime située près du bassin Ango en centre-ville pour y installer l’Office de Tourisme d’Agglomération aux côtés des services de la plaisance et du Club de Voile de Dieppe ; cession d’une ancienne gare maritime à l’Agglomération Dieppe-Maritime pour qu’elle y réalise un Centre d’Affaires, réhabilitation du bâtiment Feray quai du Tonkin, acquisition auprès de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Dieppe des locaux hébergeant l’entreprise de construction et de réparation navale Manche Industrie Marine (MIM). Le Syndicat Mixte est un bâtisseur qui encourage la mixité des activités et la mutualisation des espaces.
Le Port de Dieppe fait de l’excellence environnementale une priorité de son action. La zone technique pêche, le port à sec dans la forme de radoub, les quais réhabilités sur le bassin de commerce sont conformes aux normes environnementales pour le stockage des marchandises, la récupération des eaux dans le cadre du stockage des produits ou lors des opérations de carénage, le bâtiment Ango est aux normes HQE… Le Pavillon Bleu qui récompense les ports de plaisance est décerné depuis 2010 au Syndicat Mixte du Port de Dieppe pour sa politique exemplaire en matière de gestion environnementale et de tourisme durable…
Des projets pour ancrer le Port dans la modernité
Les orientations stratégiques 2015-2020 pour le développement du Port de Dieppe contribuent à moderniser l’infrastructure portuaire et l’outillage mais aussi à accompagner les grands projets régionaux comme la construction de parcs éoliens en mer.
Programme Pluriannuel d’Investissement (PPI) 2015-2020.
Plus de 60M€ d’opérations structurantes sont programmées dans le cadre du Programme Pluriannuel d’investissement 2015-2020 : aménagement du quai colis lourd dans le port extérieur pour l’éolien offshore ; réorganisation du bassin Ango pour les navires de maintenance des parcs éoliens en mer ; création d’un poste d’avitaillement pour les bateaux de pêche, le Transmanche et les navires intervenant sur les parcs éoliens marins ; aménagement des espaces autour du port à sec pour l’activité nautique et touristique ; acquisition d’une cabine de peinture pour la réparation navale sur la zone technique pêche et plaisance ; carénage de la passerelle Transmanche ; acquisition d’une nouvelle grue mobile pour le commerce ; campagne d’entretien et de confortement des ouvrages fixes (quais, jetées) ; rénovation du pont Colbert ; réfection du brise-lames près de la jetée ouest et réaménagement de l’espace avec un accès à la mer pour les activités nautiques…
Le Port de Dieppe moteur de croissance bleue
Le Syndicat Mixte, garant du développement équilibré de toutes les activités maritimes, investit pour que le Port de Dieppe demeure :
– Un Port de référence pour la maintenance des parcs éoliens offshore ;
– Un Port partenaire privilégié des entreprises locales pour le commerce maritime ;
– Un Port reconnu pour optimiser les conditions d’exploitation de la liaison Transmanche Dieppe-Newhaven ;
– Un Port apprécié pour la débarque d’une pêche artisanale de qualité et la valorisation de la coquille Saint-Jacques ;
– Un Port de plaisance exemplaire doté d’un port à sec unique réalisé dans une ancienne cale sèche réhabilitée ;
– Un Port recherché sur la façade Manche pour la qualité des équipements publics et ses entreprises de réparation navale.
1er janvier 2019 : naissance de « Ports de Normandie »
Issu de la fusion des syndicats mixtes Ports Normands Associés et Port de Dieppe, « Ports de Normandie » s’inscrit dans la stratégie commune de la Région Normandie, des départements du Calvados, de la Manche et de la Seine-Maritime et des Agglomérations de Caen la Mer, du Cotentin et de Dieppe Maritime pour le développement de l’économie maritime normande.
Autorité portuaire et propriétaire des Ports de Caen-Ouistreham, Cherbourg et Dieppe, « Ports de Normandie » gère et aménage le domaine portuaire, garantit la sécurité et la sûreté des accès nautiques, définit une politique de développement durable pour ses trois ports.
Les trois ports composant « Ports de Normandie », idéalement situés à quelques miles du rail maritime européen et au centre de la façade Manche, disposent de dessertes multimodales de qualité les reliant aux principaux axes européens de circulation. Ils offrent des capacités portuaires permettant de traiter différents types de trafics et d’accueillir toutes les activités traditionnelles et les plus innovantes.
3 Ports / 7 filières
• Transmanche : 1ère liaison transmanche à l’Ouest du Détroit, 1er port français vers l’Irlande, 200 000 PL et 2 M de passagers par an.
• Fret conventionnel : Place portuaire pour tous types de marchandises (vracs solides et liquides, colis lourds, produits dangereux…). 6 000 m de linéaire de quai / 6 postes Roro / 23 grues / plus de 63 000m² de bâti (entrepôts et ateliers) / plus de 200 hectares de surfaces foncières mobilisables / un pont bascule 50T…
• Croisière : Une filière en pleine expansion, près de 60 escales croisières par an et 150 000 croisiéristes. Une offre adaptée à l’accueil de tous types d’unités, du plus gros paquebot au monde aux plus intimistes.
• Construction / réparation navale : Des acteurs de rang mondial et des PME positionnées sur des marchés porteurs. Des outils de mise à sec jusqu’à 3 000 T. Du foncier et de l’immobilier dédiés. Des savoir-faire locaux regroupés en pôles navals et nautiques : « Channel Maintenance » à Cherbourg, « Caen Tech Mer » à Caen et « Dieppe Navals » à Dieppe.
• Plaisance : 4 ports, 3200 anneaux, 33600 nuitées/an, un port à sec automatisé unique en France.
• Pêche : Une activité historique en Normandie, approvisionnant la filière de transformation locale et régionale grâce à deux criées et 1/3 du tonnage déclaré en Normandie. Un label rouge pour la coquille Saint-Jacques.
• Energies marines renouvelables : Cherbourg, 320ml de quai, accessibles H24, d’une portance de 15T/m², 100 ha dédiés, à proximité immédiate du 1er potentiel hydrolien mondial exploitable commercialement, le Raz Blanchard. Caen-Ouistreham, future base de maintenance du parc éolien marin de Courseulles sur mer. Dieppe, future base de maintenance du parc éolien marin de Dieppe/Le Tréport.
1er avril 2019 : création de la Régie dieppoise des activités portuaires dotée de la personnalité juridique et de l’autonomie financière.
La Régie exploite et garantit une gestion locale des activités portuaires dieppoises. Le « Port de Dieppe – Normandie » développe le commerce maritime et la liaison Transmanche Dieppe-Newhaven, soutient la filière pêche et son produit phare – la coquille Saint-Jacques -, conforte les activités nautiques avec un port à sec unique en France, valorise les entreprises de réparation navale et les projets maritimes d’avenir.
Le Label Rouge pour la coquille Saint-Jacques, le Pavillon bleu et le Label qualité Plaisance 5 étoiles pour la plaisance récompensent le Port de Dieppe pour son engagement en faveur de l’économie maritime.
Proche des usagers et des professionnels de la mer, le Port de Dieppe et Ports de Normandie mobilisent toutes leurs ressources pour que la Normandie – en tête des Régions de France pour le développement de l’éolien offshore et la valorisation des produits de la mer -, demeure une référence en matière de nautisme et de pêche artisanale, un pôle d’excellence pour le transport maritime et les énergies renouvelables.